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La revue FPM -Festival Permanent des Mots- est réalisée par Jean-Claude Goiri, et accueille 4 fois par an poésies, nouvelles et récits.
"nous écrivons pour topographier nos territoires afin d'en abolir les frontières parce-que rencontrer l'autre c'est se soulever tout à fait"
Sont publiés dans cet opus, trois de mes textes:
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ce peu de terre
-roche broyée sous la roue des ères-
déshabillé de sources
saoulé de soleil
crie à gorge crevassée
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le phare immobile
l'impossible passage
ce gué fendant la nuit
en d'infinies gravières
jusqu'aux rivages du jour
au petit matin
j'ai soif de sommeil
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reviennent les orages brûlants
du langage détruit
la perte du mot
hier partagé
dans son essence première
-son temps s'est enlisé-
reviennent nuées ardentes
mot-pierre-de-mort
lave-haine-folie
chairs déchirées
tenues barbarie au clair
depuis la rue sécante
se lèvent des hordes sans culture
peureuses du mot de liberté
à toujours chercher une bannière
chiffon de corrida
peureuse devant l'intranquillité
d'une pensée à réinventer
se terrant foule grégaire
dans l'ombre rassurante
des discours de faussaires
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Les salles du Groupe d'Art Contemporain d'Annonay accueillent du 6 mai au 4 juin 2017 la peinture de Nicolas Guiraud.
"Sa peinture s'inscrit dans une démarche de scrutateur de la vie, d'observateur du quotidien avec une acuité et une lucidité exceptionnelle sur la société dans le paysage urbain. S'il n'avait été peintre, je suis totalement convaincu qu'il eut été écrivain. Sans le moindre verbe, ses oeuvres disent, parlent, racontent et finalement dévoilent un récit, une histoire ou même une vision." Henri Marc
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vision-visage
exposition floue
soi-même à l'heure de l'incertain
le brouillard ou le doute
ce qui fut
est passé à autre chose
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ombre-homme
l'oeil du profond
sur l'étendue du désert
que seul nous arpentons
entre les chambranles
des personnes-pieux-figures
vibrantes de brumes
ourdissant un métier
qui tombe de nos mains
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nécessité du flou
pour un autoportrait à l'absence
le temps enfonce efface
jusqu'à l'ombre
sujet-regard
avec toujours le sens à définir
à trouver
sous les écorces
la transparence serait-elle
trompeuse
DANIEL RIVEL
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Photographie Christine Rivel-Ruffin
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Nous nous sommes croisés en 2014 au Festival Voix de la Méditérranée à Lodève... puis à "Samedi poésie, Dimanche aussi" à Bazoches en 2015...
De ces échanges est né un dialogue amical entre le poète fils d'ouvrier et le poète fils de paysan. Les textes de Marcel Migozzi résonnent particulièrement en moi, créant l'envie d'en offrir en partage.
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Pour revenir en 36, aux jours
Des jardins ouvriers, popu,
Jours que l'on dansera, les rues
Elevées dans les poings
Dans un des premiers souvenirs, il n'entre
Qu'une faible lumière à partager
Entre six corps dans la cuisine.
Chacun devra le colorer
Avec un sang plutôt de pauvre.
Mais un jour l'enfant dénoué criera
Vivant.
(un autre cri)
Tiré de "L'heure qui chasse" Editions Gros Textes
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Sommets des calicots on marche
Bidons en tambours rouge sang qui battent
Produits de beauté populaire
Plus question de vieillir et plus
D'histoire de chevet on marche
(Toulon-grève du 12-XII-95)
Tiré de "Cité aux entrailles sans fruits" Editions Gros Textes
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Un soir d'hiver ça fume à l'ombre
d'une brouette paillée.
Etable d'or et de fumier pour les oiseaux
Et l'écriture mieux respire
à des poèmes qui survivent à l'enfance.
...
Vieillit avec un fagot oublié
le four communal, pains
de poussière dans la gueule
à la croûte noirâtre, voûte.
Le talus monte jusqu'au toit au bord d'un merle
au charbon sans usage
Son bec, braise dans le temps.
Textes tirés de "Vers les fermes, ça fume encore" Editions Potentille
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Marcel Migozzi. Bazoches 2015
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Au fond, qu'est-ce qu'on fait en longeant
Un champ de pommes de terre dans le soir
Quand on les arrose, si bien enterrées,
Ou des touffes de lavande lévitant
Dans les lavoirs de calcaire ?
On marche en dehors de l'hiver, comment
Dire le répéter
Avec l'assurance du torrent sur la roche :
Vivant vivant, on est vivant?
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Je lis
Qu'une émotion est un abus
De poésie
Une mésange zinzinule
A cet instant
Sourire mais
Comment publier ça, ce chant
Ailleurs que dans
Mon olivier?
Tirés de "Un rien de terre" Editions L'Amourier
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Midi le vieux chapeau de paille
Donne tête de châtaigne
Yeux de sommeil on perd conscience
Chat-chaise de jardin-olivier-ciel mélange
Des éclats d'ombres fraîches
Réveilleront plus tard la vie dans une peau nouvelle ruche
En vieillissant il faut
Recommencer l'appel des présences discrètes
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Dernier salut au rouge-gorge
Le jardin où bleuit la nuit
Sent les tomates à l'invisible
Chair si proche
Jardin bonheur au confluent destin
Tirés de "Ruralités" Editions Alcyone
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Marcel Migozzi et Daniel Rivel "Samedi poésie, Dimanche aussi" Bazoches 2015
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Rencontre à Vanosc (Ardèche) lors d'une soirée de l'association La Vanaude, avec le pianiste argentin Miguel Angel Estrella, fondateur de Musique Espérance. Nov 2013
Miguel Angel Estrella
homme au visage nié aux yeux aveuglés sous les bandeaux et le sac
homme au corps drapé de mépris dans la nudité des disparus
homme aux mains fragiles aux mains blessées de ne pouvoir courir sur les claviers
homme à l'esprit jeté dans les flammes de la torture
renaissant pour jaillir au jour de lumière sur les partitions de tes mondes
réhabilitant l'Homme tout entier malgré ses abandons ses soumissions ses démissions
homme à l'oreille attentive coutumière des paroles tendues entre les souffles
sans aucun murmure pour les soutenir
homme de parole lente et pleine porteuse du poème de ta terre des mots semés aux labours des récoltes dormant dans les caves des paysans jusque là empêchés et qu'une main libéra
homme de mémoire et de pardon de nouvel envol
refusant l'oubli et ses cendres jetées sur les braises qu'un prochain coup de vent attisera
le pardon n'efface pas le mal il le tient à distance pour retracer les chemins du possible
vigile tu nous rappelles à l'éveil
si l'homme s'endort l'horreur se redresse
homme qui ouvre l'homme de misère aux richesses qui l'habitent et aux richesses de l'autre par le souffle la musique et le verbe sur nos terres de sel et de pauvreté
Daniel Rivel
(photo Christine Rivel-Ruffin)
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Internet a parfois un avantage... celui de vous réserver des surprises agréables !
Par hasard, je suis tombé sur le sommaire du n° 147 de la revue Verso, paru en décembre 2011... et là, je découvre qu'un de mes textes s'y trouve. (Ayant déménagé, j'avais oublié d'informer la revue de ma nouvelle adresse.)
Je remercie vivement Alain Wexler, directeur de cette publication, d'avoir bien voulu me retrouver un numéro, me procurant ainsi le plaisir d'en savourer les mots et les gravures de Petra Bertram-Farille.... qui ne comportent aucune date de péremption !
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