• Verso . Septembre 2022

     

    Verso est une revue de poésie fondée en 1977, dirigée par Alain Vexler, et qui paraît chaque trimestre.

    Christian Degoutte y tient une rubrique intitulée 'En salade', dans laquelle il propose des notes de lecture sur les recueils qui viennent de sortir.

    Dans le numéro 190 de septembre 2022, on y trouve ses impressions sur mon ouvrage 'Errances furtives' paru ce printemps aux Editions l'Harmattan.

    Encore merci à lui.

     

    Verso . Septembre 2022

     

    REVUE VERSO 190

     

    à« Ecrire est un voyage ». Tels sont les premiers mots de ERRANCES FURTIVES de Daniel Rivel. En vrai il écrit avec ses jambes, ses bras, ses poumons « L’esprit prend appui sur le bâton et l’espace s’élargit ». Il voyage son pays. Non pas « à travers, dans, etc. ». Il marche son Forez natal, les monts d’Ardèche, le Mézenc. « Cette marche… nous imprègne des paysages et n’a rien d’athlétique. Elle ne revendique aucun exploit, aucun record et n’utilise pas la montagne comme toile de fond, comme objet de communication. Elle se conçoit dans un rapport de sujet à sujet autour du silence, de l’écoute et parfois de la contemplation. Ici, arrêter ses pas n’interrompt pas la marche ». Même si c’est parfois plus au large (Alpes méditerranéennes, Lanzarote), que Daniel Rivel pratique l’errance (et la rêverie, et la remémoration), c’est toujours où le dos rocheux du monde sonne sous les pieds, où la terre chiche dit l’humanité laborieuse « Un air fragile né de la terre et des étoiles laisse filtrer les soupirs d’une vie pauvre, d’une vie d’écailles, de callosités, de plaies et de colère, avec ces quelques joies toujours un peu cachées ». Daniel Rivel ne parcourt pas le paysage : il est le paysage qui tourne autour de lui : « Tomber en paysage, entrer en paysage, comme on entre en méditation en lien avec l’univers. Faire corps avec l’arbre, la pierre, le papillon et la buse, la lumière et le vent … Tomber en paysage (comme on dit "Fall in love") à chaque instant des saisons, à chaque seconde de notre recherche, de la marche qu’est notre vie … » Ainsi (comme ce que l’on dit des Inuits, qu’ils ont des dizaines de mots pour dire la neige) nomme-t-il avec précision et netteté, sans aucun flou artistique ou allusif, l’infinie variété du vert, du blanc, du gris, du bleu, des vents, de la rouille, les reliefs et les effets du temps et du pas vif des saisons toujours en avance sur la rêverie : « Qu’ai-je à faire ?  Contempler, m’imprégner, retenir ce monde sans la toucher, sans rien prendre … élever une parole … encore sauvage, sèche et rebelle mais toujours amoureuse, d’un amour taillé dans le vent et la pierre ». L’adjectif furtif du titre s’éclaire. Tout ça dans des suites de proses souples et énergiques, pleines d’allant et du plaisir de dire « Mélèzes, arbres de peu d’ombre et de légèreté palpitante sur les pentes des longs hivers, emblèmes d’un pays où … »

    ERRANCES FURTIVES, Daniel Rivel, 70 p, 10,50 € éd. L’HARMATTAN www.editions-harmattan.fr 

     

    Christian Degoutte

     

     

     

     


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